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Microsoft 365 introduit un score de productivité des employés de l'ère du tout-numérique imposée par le coronavirus
L'outil en disponibilité générale est controversé comme ceux d'autres éditeurs

Le , par Patrick Ruiz

295PARTAGES

10  0 
En cette période de pandémie de coronavirus qui a commencé par forcer la plus grosse expérience de travail à domicile en Chine, le télétravail s’est étendu à l’échelle globale. Dans le processus, les employeurs recherchent des moyens de garder la main sur la productivité des travailleurs, de la contrôler, de la stimuler. Microsoft introduit donc un score de productivité des employés au sein de Microsoft 365 pour apporter réponse à ce besoin. L’outil fait l’objet de controverses comme ceux d’autres éditeurs.

Le score de productivité des employés au sein de Microsoft 365 est passé en disponibilité générale il y a peu. L’accès à ce dernier se fait au travers du centre d’administration. L’outil se base sur deux grandes familles d’indicateurs : l’utilisation de la suite bureautique cloud et celle des technologies sous-jacentes. La partie « expérience employé » qui concerne l’utilisation de la suite bureautique se divise en cinq axes : collaboration, communication, réunions, travail d’équipe, mobilité. La partie technologique en comporte trois : terminaux, réseaux, état du parc applicatif. Tous ont le même poids au sein du nouvel outil de suivi des performances des employés. Microsoft note chaque axe sur 100 points. Les logiciels pris en compte sont les suivants : Excel, Exchange, OneDrive, OneNote, Outlook, PowerPoint, SharePoint, Skype, Teams, Word et Yammer. L’accès au score requiert au minimum un abonnement Microsoft 365 Business ou Office 365 Entreprise.


Avant la disponibilité générale de ce score de productivité des employés au sein de Microsoft 365, des employeurs s’appuyaient déjà sur des solutions comme Sneek. C’est un outil de travail collaboratif qui permet aux employeurs de photographier leurs employés toutes les 5 minutes via un service vidéo en continu. L'interface du logiciel permet à l'employeur de disposer d'un "mur de visages" (pour chaque bureau), qui reste actif tout au long de la journée de travail et présente des photos des travailleurs prises par leur ordinateur portable toutes les une à cinq minutes. En fait, ce qu’il faut dire est que l’application permet aux employés de régler leur webcam pour qu’elle les photographie de façon automatique toutes les une à cinq minutes, selon la fréquence à laquelle leur patron l’exige. En sus, l’employeur peut initier un appel vidéo en direct avec un travailleur en cliquant sur sa photo, ce, même si ce dernier n’a pas accepté. C’est un paramètre par défaut du logiciel qui peut être modifié pour conditionner la réception de l’appel à une action manuelle, à condition que cela fasse partie des règles que l’employeur approuve.


D’autres aux noms encore plus évocateurs quant aux possibilités qu’ils offrent ont également fait l’objet d’acquisition par les patrons. ActivTrak, un logiciel de suivi de la productivité, est l’un de ceux-ci. Il recueille des données sur la fréquentation des sites web par un employé ainsi que sur les autres applications dont ce dernier fait usage. En s’appuyant sur le soft, l’employeur a aussi la possibilité d’avoir un aperçu du comportement en temps réel du travailleur.


En fait, la liste est plus longue et inclut des outils comme Interguard, Time Doctor, Teramind, VeriClock, innerActiv ou encore Hubstaff.

« C’est comme avoir une caméra de surveillance qui pointe en permanence sur l’ordinateur d’un travailleur », explique l’éditeur d’Interguard à propos de son produit. L’éditeur de la solution Time Doctor lui emboîte le pas dans une publication parue sur son site web en reconnaissant le côté intrusif de ces solutions. « Nous ne sommes pas aussi big brotherish que nos concurrents », précise-t-il.


Au-delà de la question liée à la vie privée des travailleurs (toutes ces solutions sont assimilables à un œil constamment ouvert sur le domicile d’un tiers), la question de fond est de savoir si la surveillance active peut permettre de mesurer la productivité d’un travailleur. En passant en revue les fonctionnalités que ces outils mettent à la disposition des utilisateurs, un début de réponse est possible.

En effet, appliquée à la situation d’un développeur en mode télétravail, la solution Time Doctor a mis en avant le fait qu’il y a des jours où ce dernier reste productif près de 15 h.



En sus, elle a révélé que cet employé s’est penché sur une tâche qui lui a pris près de 54 heures en 5 jours, soit un peu plus de 10 heures par jour.


Ce sont des chiffres à éclairer à la lumière de statistiques sur la productivité sur une journée de travail. Dans une publication parue il y a 3 ans, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – apporte des éléments. Son étude a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.

D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarette – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts – 25 % ; faire de la nourriture au bureau – 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis – 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %. Bref, un ensemble de facteurs aisément applicables à la situation de tiers en télétravail.

Le problème avec la métrique employée dans le cas du travailleur de la filière programmation informatique dont on a fait mention est que malgré des chiffres élevés (productivité sur 15 h par jour, etc.), le retour de l’employeur n’était pas positif. Autrement dit, le travail n’était pas effectué, ce qui pose le problème de la pertinence des éléments de mesure utilisés. Néanmoins, des fonctionnalités additionnelles de l’outil Time Doctor ont révélé qu’il se servait d’une application pour simuler une activité de la souris.

Source : Microsoft

Et vous ?

Que pensez-vous de l’utilisation de tels moyens pour juger de la productivité d’un développeur ?
Y a-t-il une certaine pertinence pour les employeurs à faire usage de tels outils ?
Selon vous, sur quels critères doit-on s’appuyer pour juger de la productivité d’un travailleur de la filière programmation informatique en particulier ?
Accepteriez-vous de travailler en étant surveillé de façon aussi active ?

Voir aussi :

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Coronavirus : après avoir recommandé le travail à domicile, Twitter demande à ses employés de travailler chez eux, une mesure adoptée par les grandes enseignes de la tech comme Google
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Une IA aurait fourni les premières alertes sur l'épidémie du coronavirus de Wuhan à l'aide du big data pour suivre et anticiper la propagation des maladies infectieuses les plus dangereuses au monde

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Avatar de olaxius
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 27/11/2020 à 15:16
Avec ce genre d'outils je ne vais plus pouvoir lire developpez.com au bureau :-)
5  0 
Avatar de
https://www.developpez.com
Le 27/11/2020 à 13:39
Citation Envoyé par Patrick Ruiz Voir le message

Que pensez-vous de l’utilisation de tels moyens pour juger de la productivité d’un développeur ?
Beaucoup trop invasif, mais c'est dans l'ère du temps, j'ai l'impression. Un de mes proches travaille dans le la vente de voyages, et les équipes sont sondées comme cela; Chacun possède un score mensuel, et le meilleur score du mois précédent est l'objectif à dépasser le mois suivant. Ca me paraît complètement aberrant dans le sens où certaines conditions (Notamment la période, maintenant le virus, ou même l'économie en général) peuvent influer sur la performance des employés sans qu'ils n'aient de pouvoir sur ces causes.
En gros, on tient rigueur et on pénalise les employés pour des choses qui pourtant ne dépendent pas d'eux.
Citation Envoyé par Patrick Ruiz Voir le message

Y a-t-il une certaine pertinence pour les employeurs à faire usage de tels outils ?
C'est parfaitement logique et ça s'inscrit dans la démarche de productivité "bête et méchante" qui dicte qu'il faut faire grossir les chiffres pour maintenir l'entreprise en marche. D'autant plus que le télétravail peut entraîner des dérives inquiétantes pour certains cas de paresse, c'est pas la règle, mais ça arrive à coup sûr. Le problème étant que cet outil ne permettra jamais de garantir la pérennité d'une entreprise, malgré les sacrifices qu'il implique au niveau personnel pour les employés. Je ne resterais clairement pas dans une telle entreprise, en temps que développeur. Pour moi, ce qui prime dans une entreprise est l'esprit d'équipe, c'est de savoir que tout le monde peut compter sur ses collègues, que l'on est pas seul contre tous. Ce qui s'oppose diamétralement à ce genre d'individualisme de performance que propose ce logiciel.
Citation Envoyé par Patrick Ruiz Voir le message

Selon vous, sur quels critères doit-on s’appuyer pour juger de la productivité d’un travailleur de la filière programmation informatique en particulier ?
Pour se permettre de juger la productivité, il faudrait avoir une estimation extrêmement fiable et précise du coût en temps-homme de développement. Ensuite, la productivité d'un employé serait calculée selon le prorata du temps-homme utilisé réel, versus le temps-homme estimé. Ce serait donc un genre de bilan, plus qu'un suivi en temps réel.
Mettons qu'un projet demande 50h, comme l'exemple donné, si l'estimation était correcte, ça ne choquerait pas de voir le travail être fait sur cette durée, et j'appuie sur le fait que 50h de travail sur une tâche, ça peut arriver. (Surtout lorsqu'un cahier des charges est mal établi/modifié en amont)
Citation Envoyé par Patrick Ruiz Voir le message

Accepteriez-vous de travailler en étant surveillé de façon aussi active ?
Clairement non. Beaucoup trop d'aspect humains sont négligés; La connaissance des règles-métier, la connaissance technique de l'employé, et les conditions actuelles de travail sont beaucoup trop importantes pour se fier simplement à un outil de suivi de projet comme celui-là. On pourrait arriver à une situation de stress intense pour la personne surveillée, alors qu'elle fait de son mieux pour compléter sa tâche, ce qui est prohibitif pour une personne qui, avec le temps, pourrait devenir un élément important de l'équipe.
4  0 
Avatar de Pierre Fauconnier
Rédacteur/Modérateur https://www.developpez.com
Le 27/11/2020 à 16:11
L'utilisation de l'outil informatique n'est pour moi qu'une facette, souvent la dernière de mon travail en ce qui concerne Microsoft 365. Le codage, la mise au point de tableaux de bord et autres travaux "à l'ordi" ne sont que l'aboutissement d'une série de schémas, dessins, griffonnages et autres que je fais souvent, voire toujours, sur papier (vieille école?). Je me demande bien comment on pourrait mesurer ma productivité sur base de l'utilisation des outils 365 ^^.

Heureusement que je suis à mon propre compte et que cela m'évite d'être épié de la sorte. Entre la police qui pourra entrer chez nous à Noël (en Belgique, en tout cas) et la surveillance électronique de notre productivité, il va nous rester de moins en moins de libertés...

Triste monde.
2  0 
Avatar de sergio_is_back
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 28/11/2020 à 10:14
Encore une fois, je suis bien content d'utiliser LibreOffice pour ce qui est de la partie rédactionnelle de mon boulot...
1  0 
Avatar de
https://www.developpez.com
Le 28/11/2020 à 23:29
Bonjour,

Que pensez-vous de l’utilisation de tels moyens pour juger de la productivité d’un développeur ?
Cela n'a ni queue ni tête ... Cela n'est jamais a un dev/programmeur ou même des metiers péri infos comme le marketing/compta/pao/graphiste de devoir chercher une solution plusieurs sur internet ? Quand on a de la doc à foison avec internet on a rarement le temps de choisir en 5 minutes ... Il n'est pas rare de devoir chercher durant 2/3/4 h des infos sur tel ou tel fonctionnalité.

Forcement cela génère du trafic sur des pages web durant les heures de bureaux ...

Y a-t-il une certaine pertinence pour les employeurs à faire usage de tels outils ?
Quand on considère que l'employé fait un taff à la chaine, chronophage et rébarbatif ... développer / programmer ne se limite pas à pisser des lignes de code au km ... on a aussi besoin de réflexion humaine et le cerveau n'est pas un pc qui fonctionne binairement .

C'est aussi valable pour les métiers plus orientés gestion qui demandent une certaines réflexion organisationnel .

Selon vous, sur quels critères doit-on s’appuyer pour juger de la productivité d’un travailleur de la filière programmation informatique en particulier ?
C'est assez difficile de le dire car chaque metier a des specificités ... Entre celui qui taff en PHP/HTML et celui qui fait du SQL/BI on ne peut pas du tout quantifier de la même façon.

Accepteriez-vous de travailler en étant surveillé de façon aussi active ?
Citation Envoyé par olaxius
Avec ce genre d'outils je ne vais plus pouvoir lire developpez.com au bureau :-)
J'ai déjà taffé dans une boite ou l'ensemble des sites informatiques été dans la catégorie "piratage" ... donc bloqué (developpez.com entre autre) . Avec la solution Olfeo pour ne pas le nommer ... forcement on passait plus de temps à essayer de contourner le système pour trouver ce qu'on avait besoin et cela se ressentait sur la productivité . Ironie de l'histoire quand des managers passaient de manière inopiné dans l'open space , c'était a chaque fois une forme de leçon morale "on ne se balade pas sur Google, on ne se balade pas sur Google" ... avec les justifications à faire qui vont bien pour l'employé ...

En fait on avait affaire à des managers non techniques qui pensaient que les informaticiens passaient leur temps à surfer le web par plaisir ...

C'est dire la niveau qui frisait le ridicule ... Un vrai flicage quoi .

Puis pour contourner le système : passage par les telephones portables qui faisait perdre encore plus de temps ...

---

Travaillant actuellement dans l'industrie , mon entreprise actuelle utilise l'une des solutions office 365 . Le service info et la DSI sont peu convaincu des stats sortie , les chiffres sortis sont plutôt étranges voir incompréhensibles. Ajoutés aux chiffres et aux suivis d'activités qui nous surcharge déjà de chiffre , en gros cela ne sert à rien.

En fait la meilleur des solutions est parfois la meilleur. Ne pas a voir de suivi de suivi de suivi car on se retrouve vite avec une usine à gaz ... et les employés sont encore plus performant sans .

Pour avoir aussi taffé en CPAM, j'ai bossé sur un sujet de suivi des ETP (équivalent temps plein). Suivre les pointages et le déclaratifs "activités/sujets traités" des agents. Le tout dans le cadre de la fusion de plusieurs activités et jauger les empiétements. C'est vite une usine à gaz sur le long terme à gérer. Éventuellement quantifier le temps pour de la prestation vis à vis d'une presta ponctuelle , par contre pas plus.

Entre le tatillon / le malhonnête / le gonfleur / l'étourdie / le retardataire et j'en passe les stats sont rarement de bonne qualité.

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Citation Envoyé par Jesus63
Beaucoup trop invasif, mais c'est dans l'ère du temps, j'ai l'impression. Un de mes proches travaille dans le la vente de voyages, et les équipes sont sondées comme cela; Chacun possède un score mensuel, et le meilleur score du mois précédent est l'objectif à dépasser le mois suivant. Ca me paraît complètement aberrant dans le sens où certaines conditions (Notamment la période, maintenant le virus, ou même l'économie en général) peuvent influer sur la performance des employés sans qu'ils n'aient de pouvoir sur ces causes.
En gros, on tient rigueur et on pénalise les employés pour des choses qui pourtant ne dépendent pas d'eux.

C'est parfaitement logique et ça s'inscrit dans la démarche de productivité "bête et méchante" qui dicte qu'il faut faire grossir les chiffres pour maintenir l'entreprise en marche. D'autant plus que le télétravail peut entraîner des dérives inquiétantes pour certains cas de paresse, c'est pas la règle, mais ça arrive à coup sûr. Le problème étant que cet outil ne permettra jamais de garantir la pérennité d'une entreprise, malgré les sacrifices qu'il implique au niveau personnel pour les employés. Je ne resterais clairement pas dans une telle entreprise, en temps que développeur. Pour moi, ce qui prime dans une entreprise est l'esprit d'équipe, c'est de savoir que tout le monde peut compter sur ses collègues, que l'on est pas seul contre tous. Ce qui s'oppose diamétralement à ce genre d'individualisme de performance que propose ce logiciel.
Pour être passé dans des entreprises du secteurs bancaires et de la distribution, il existe des services ou tu as des "petites mains" qui passent leur journée sur internet :

> exemple des prestataires Tessy ou parfois d'internes du services courriers / clients , chargés de vérifier le véracité d'adresse postale et / ou téléphoniques pour faire le ménage dans des BDD de grosses banques / assurances... Des recherches sur page jaune, annuaire internet, google maps et j'en passe sont légions dans ces cas de figure
> dans la distribution souvent pour les services marketings produits : référencer par millier des articles (Carrefour, Casino, Leclerc, Cora ...) , cela passe par la consultation de registres EAN en ligne ou de site fournisseurs même vitrine

2 cas de figure précis ou le trafic internet est monstrueux ... Quand il y a 10/20 agents à 200/300/400 recherches références produits/adresses par jour on atteint vite des scores monstrueux de trafic internet ... Donc difficile à quantité . Va t on identifier le moteur qui recherche bien et le glandeur qui recherche rien/mal ...
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