Microsoft maintient sa politique interdisant l'exécution de son logiciel de bureautique sur les plateformes rivales telles telles que Google Cloud Platform (GPC) et Alibaba Cloud. Cette décision continue à donner des maux de tête aux clients de GCP et d'Alibaba, ces derniers se plaignant d'être laissés pour compte alors que la Microsoft a récemment fait des concessions pour les clients d'AWS. Les clients mécontents de GCP et d'Alibaba affirment qu'il n'y a aucune raison technique qui justifie ce blocage, ajouté que la décision de Microsoft est basée sur des considérations commerciales. Microsoft n'a pas expliqué pourquoi AWS a bénéficié d'un traitement de faveur.
Windows 365 est une offre de PC basée sur le cloud qui crée automatiquement un nouveau type de machine virtuelle Windows (Cloud PC) pour vos utilisateurs finaux. Chaque PC dans le cloud est attribué à un utilisateur individuel et constitue son appareil Windows dédié. Windows 365 offre les avantages de Microsoft 365 en matière de productivité, de sécurité et de collaboration. Windows 365 est disponible en quatre éditions : Windows 365 Business (pour les PME), Windows 365 Enterprise (pour les grandes entreprises), Windows 365 Government (pour les clients gouvernementaux) et Windows 365 Frontline (pour d'autres cas d'utilisation spécifiques).
À partir d'octobre 2019, Microsoft a modifié ses politiques en matière de licences en classant ses trois principaux rivaux dans le secteur du cloud computing [Amazon Web Service (AWS), Google Cloud Platform (GCP) et Alibaba Cloud) parmi les fournisseurs répertoriés. Cela signifie que les clients doivent payer de nouvelles licences pour faire fonctionner leurs produits dans ces clouds. Dans le cas d'Office 365, les applications Windows n'avaient pas le droit d'être hébergées par les plateformes susmentionnées. Cependant, au début du mois d'août, Microsoft a décidé de modifier ses règles afin d'accorder quelques privilèges à son concurrent AWS.
La firme de Redmond a déclaré que les utilisateurs finaux disposant de certaines licences peuvent désormais utiliser Microsoft 365 Apps for Enterprise, Microsoft Project et Microsoft Visio sur Amazon WorkSpaces. Des critiques ont suggéré que l'intérêt des régulateurs antitrust a stimulé cette décision. « Les licences qui seront éligibles dans le cadre de cette politique révisée comprennent Microsoft 365 E3/E5/A3/A5 et Microsoft 365 Business Premium. Si vous disposez actuellement de l'une de ces licences, à partir du 1er août, vous pourrez utiliser ces applications Microsoft sur l'infrastructure de bureau virtuel Amazon WorkSpaces », précise l'entreprise.
Quelques semaines se sont écoulées depuis ce changement surprenant, et Microsoft n'a toujours pas indiqué si des changements similaires pourraient être répercutés sur Google et Alibaba. Selon plusieurs sources anonymes proches de Microsoft et des entreprises concurrentes, il n'y a absolument aucune raison technique pour que Google et Alibaba soient exclus. « Il n'y a aucune raison technique. C'est purement commercial. Il s'agit simplement de quelques lignes dans un accord de licence de Microsoft qui stipule que vous ne pouvez pas l'exécuter sur GCP, sans raison valable, car vous pouvez l'exécuter sur d'autres appareils », a déclaré une source.
En effet, vous pouvez exécuter ces applications sur des appareils Apple, des appareils Android, des PC, des Mac sur des centres de données Azure sur site, mais vous n'êtes pas en mesure de le faire avec GCP ou Alibaba. « Microsoft a sa propre solution, Windows 365 et Azure Virtual Desktop, et ce sont des produits concurrents des nôtres, de sorte que sur un marché, ce qu'ils disent essentiellement aux clients, c'est : "si vous avez des problèmes de sécurité avec Windows, vous voulez l'exécuter dans un centre de données dans un cloud". Mais le seul choix que vous avez, c'est Azure », a déclaré une autre source dans un rapport de The Register.
Les clients qui souhaitent utiliser Windows Client ou Office dans GCP, Alibaba ou AWS doivent acheter des licences supplémentaires. GCP, AWS et bien d'autres se sont plaints de cette situation, la CISPE (Cloud Infrastructure Service Providers in Europe - un groupe commercial défendant les intérêts des fournisseurs d'infrastructure en tant que service en Europe) ayant même déposé une plainte auprès de la Commission européenne. En novembre dernier, le groupe a accusé la firme de Redmond de pratiques anticoncurrentielles, alléguant que les politiques de Microsoft portent "un préjudice irréparable" à l'écosystème de cloud computing de l'UE.
« Il devient plus coûteux d'utiliser Windows sur n'importe quel autre nuage. C'est un coût, mais celui-ci [l'interdiction] est flagrant parce qu'il dit simplement qu'on ne peut pas le faire », a déclaré une source. Que disent les clients à ces fournisseurs à propos de la configuration du cloud ? Certains ont décidé de reporter la décision, d'autres ont opté à "contrecœur" pour Azure, et d'autres encore veulent se battre contre Microsoft. « La solution ?La solution est simple. Supprimez ces lignes de l'accord de licence et tout ira bien », a déclaré un fournisseur VDI (Virtual Desktop Infrastructure - infrastructure de bureau virtuel) dans le rapport.
« Toute la croissance se produit dans le domaine de l'hyperscale. Elle ne se produit pas chez les petits fournisseurs de services gérés. 80 % de la croissance est le fait des hyperscaleurs, plus personne n'utilise son propre centre de données. Il semble scandaleux que Microsoft puisse jouer les favoris et n'autoriser arbitrairement qu'AWS à exécuter O365, mais il semble que ce soit le cas pour l'instant », a ajouté le fournisseur VDI. Wes Miller, analyste chez Directions on Microsoft, a déclaré que les raisons pour lesquelles Microsoft avait fait ce changement pour AWS et pas pour les deux autres fournisseurs listés n'étaient pas du tout claires.
« Je ne suis pas au courant de ce qui est à l'origine de ce changement, mais je peux dire que nous entendons régulièrement parler de clients qui utilisent Amazon WorkSpaces, et pas tellement de VDI sur Google Cloud Platform ou Alibaba. Il est donc possible que cela soit dû au nombre de clients concernés, au volume distinct de clients, à la durée d'existence de WorkSpaces. C'est difficile à dire. Je pense qu'il est regrettable de créer cette exclusion et de ne pas réactiver Office sur VDI sur GCP et Alibaba. J'espère qu'à un moment donné, Microsoft corrigera ce problème et l'activera pour les deux autres partenaires », a déclaré Miller.
« Il n'y a aucune raison justifiable pour que vous puissiez exécuter Office sur Azure (avec la meilleure option de licence), sur Amazon (avec une licence plus chère, mais c'est autorisé), mais pas sur les deux autres fournisseurs répertoriés », a-t-il ajouté. Michael Silver, vice-président de la recherche chez Gartner, estime que le problème général persiste pour tous les fournisseurs répertoriés, y compris Amazon, et que les clients devraient continuer à faire pression sur Microsoft pour qu'il élimine complètement les limitations des fournisseurs répertoriés. Selon lui, l'accord avec Amazon ne prend en compte que la plateforme WorkSpaces.
« Tout d'abord, il convient de noter que l'accord Amazon/Microsoft semble être spécifique à Amazon WorkSpaces et ne permet pas aux solutions tierces de fonctionner de manière conforme. Ainsi, les solutions de Citrix, VMware, etc. ne sont toujours pas conformes en matière d'exécution des applications Windows M365 sur AWS. Je ne pense pas que Google dispose d'un service similaire et je ne sais pas ce qu'il en est d'Alibaba. La question générale reste un problème pour tous les fournisseurs répertoriés, y compris Amazon. Les clients devraient continuer à faire pression sur Microsoft pour qu'il supprime ces limitations », a-t-il déclaré.
Ryan Triplette, directeur exécutif de la Coalition for Fair Software Licensing, est du même avis : « la nouvelle selon laquelle Microsoft autorisera un nombre limité de clients 365 à utiliser Amazon WorkSpaces est un pas bien trop petit pour suggérer que Microsoft souhaite réellement faire ce qu'il faut. Au contraire, cela confirme qu'il n'y a pas de raisons techniques derrière la décision de Microsoft de continuer à limiter le choix des clients ».
Microsoft s'est avéré très populaire dans les cercles de discussion européens, et ce pour de mauvaises raisons. Récemment, il a été confronté à une bataille de plusieurs mois concernant ses conditions de licence jugées injustes qui rendent le changement de fournisseur ou l'utilisation d'un environnement multicloud à la fois difficile et coûteux. La firme de Redmond a promis de travailler avec les organismes compétents, mais n'a donné aucun détail à ce sujet.
Triplette a déclaré : « Microsoft a créé des inégalités en octobre 2019 lorsqu'elle a mis en œuvre des conditions de licence logicielle pour limiter la capacité de ses clients à utiliser des licences qu'ils avaient déjà payées sur le cloud de leur choix. Rien de moins que de revenir entièrement sur ces restrictions n'est acceptable ».
Source : Microsoft (1, 2)
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Le , par Mathis Lucas
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